Les cagots

de Benoit Cursente

La question des cagots a donné lieu, depuis des siècles désormais, à un nombre considérable de publications. Nombre d’entre elles ont cherché à percer le soit disant « mystère » de l’origine de cette frange de population, histoire qui remonte au Moyen Âge et qui peine à être clairement documentée, faute d’archives suffisamment nombreuses et explicites. Les hypothèses (souvent présentées comme certitudes) ont été multiples à ce sujet, et souvent dénuées de tout fondement.
Benoît Cursente, qui a successivement été maître de conférences à l’Université puis directeur de recherche au CNRS, s’attache dans un ouvrage récemment paru à reconsidérer le sujet en faisant appel aux sources et aux méthodes éprouvées de l’historien qu’il est. Passant en revue la poignée d’informations relatives au Moyen Âge, l’auteur met en évidence le glissement qui s’est opéré à cette époque, d’une relégation des lépreux à l’exclusion de personnes n’étant pas atteintes par cette maladie. À ce temps des crestians (« chrétiens »), succède à l’époque moderne celui des cagots, terme apparu au XVIe siècle. L’auteur analyse le phénomène au regard de la société dans laquelle il s’est inscrit et met en évidence les manifestations d’un rejet qui s’est mué en racisme au fil du temps. Au-delà du Béarn et des régions voisines, il appelle à élargir le propos en regardant en direction d’autres communautés qui, elles aussi, ont mis au ban de leur société une frange non négligeable de leur composante. Heureusement, des voix se sont élevées et des actions ont été menées pour combattre puis éradiquer cet ostracisme. Parmi elles, retenons ici celle de l’Aspois Jean-François Minvielle, prêtre réfractaire d’Accous, qui au début du XIXe siècle s’est attaché à lutter contre ce qu’il qualifiait de « préjugé ridicule ».
Anne Berdoy