René Mendiondo

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Année : 1955
Source : doc familial
Commune : Etsaut
2ème guerre mondiale
René Mendiondo : Passage vers l'Espagne 10/11 Mars 1943;
" Je suis le seul survivant du groupe qui le 10 et le 11 mars franchit la Frontière au pic d'Arlas. Il y avait Grat Estournès, Jean Bellocq, Louis Soubie, Yvon Arrigas, Julien Cazedepats, Simon Carrère et Jean Manauthon". Les passeurs de Lées-Athas Pierre Pascoualle, Jean Latourrette, Joseph Claveranne, Jean Bellocq Balencie avaient une grange dans les hameaux à l'abri des regards et c'est là que se regroupaient les jeunes réfractaires au S T O. Jean Bellocq Balencie nous accompagnait. « Le rendez- vous était fixé chez mon oncle à Lées-Athas. La vaste cuisine était bien occupée et bruissait de conversations à voix basse et de sanglots étouffés. Le heurtoir de la porte résonna et l'abbé Boy curé du village apparut. Dans un silence profond, il prononça quelques paroles puis demanda qu'on s'agenouille pour solliciter la protection de Dieu pour ceux qui allaient quitter la famille et la patrie. Ce fut un moment d'intense émotion. Notre accompagnateur s'impatientait. Il prit la tête du convoi et le village fut traversé dans le silence le plus complet. Un premier arrêt était prévu à la grange Estournès pour prendre nos sacs. La neige tombait tellement que nous avions de la peine à voir celui qui nous précédait. Nous avons marché longtemps et difficilement. Soudain, des aboiements de chiens se firent entendre. Le passeur nous rassura et dit que dans une demi- heure nous serions à la cabane, première étape du voyage. Nous y arrivons enfin et un grand feu réconfortant est allumé. C'est alors que Jean nous avoue que les aboiements provenaient de la patrouille allemande que nous avions déjouée grâce à lui. Après quelques heures de sommeil, il nous réveilla, nous aida à nous équiper et renouvela ses dernières consignes. Avant de se séparer, il nous embrassa. Un froid glacial rendait la neige moins molle, ce qui facilitait la marche. A huit heures, nous étions au pic d'Arlas. Soudain un camarade poussa un cri d'alarme. Trois Allemands et leurs chiens se détachaient dans la neige. Nous eûmes le temps de balancer les sacs versant espagnol et, en courant, de nous mettre à l'abri derrière les rochers. La descente vers Isaba fut longue. Un groupe de la Guardia Civil nous intercepta et nous enferma dans une grange où nous devions passer la nuit. Impossible de dormir en raison du froid qui sévissait. A l'aube, nous eûmes droit à une boisson chaude et à quelques rondelles de pain. Vers midi, un autobus fumant et pétaradant sans toit ni capote nous prit en charge pour nous conduire dans un" hôtel" à Pampelune. L'hôtel en question, vaste bâtisse sinistre, avait pour nom:"Prisión provincial de Pamplona ». Nous fûmes enfermés dans des cellules gardées par des policiers nerveux. Nous étions menottés deux par deux. Notre séjour à l'hôtel commençait. Il allait durer plusieurs mois. L'acte 1 de mon périple vient de s'achever."
Après cet acte 1, René Mendiondo s'engage dans les parachutistes du Spécial Air Service (SAS) le 20 Juin 1943 et participe à de nombreuses opérations notamment des parachutages en zone ennemie qui lui vaudront d'être fait Chevalier de la Légion d'honneur. Le 6 Juin 2009 René Mendiondo est invité à la cérémonie commémorant le Débarquement et est promu Officier de la Légion d'honneur par le Président Sarkozy sous le regard du Président Barack Obama qui le félicite chaleureusement.
A Etsaut, neuf jeunes ont fui le STO et franchi la frontière. Deux sont morts au combat : Bernard Passette et Henri Passette.

Témoignage recueilli par Louis Loustau Chartez

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